L’histoire des matières luminescentes utilisées dans les montres de plongée est fascinante. Elle est liée à des enjeux technologiques, mais aussi sanitaires et médicaux.
La luminescence au service des plongeurs : science et sécurité
Dès les premiers développements des montres de plongée, les maisons horlogères se heurtent à la difficulté de leur lisibilité dans des environnements sombres.
Trouver la technologie pour rendre lumineux les index, les chiffres d’un cadran, ainsi que les aiguilles était indispensable pour la sécurité des plongeurs. Cependant, les solutions ont parfois soulevé de sérieuses préoccupations en matière de santé et de sécurité.
Photoluminescence et radioactivité dans l’horlogerie de plongée
Au début du XXe siècle, la première solution utilisée est une pâte luminescente à base de radium. Si cette matière est très efficace pour rendre les montres lisibles dans l’obscurité, on découvre rapidement qu’elle est hautement radioactive. Un scandale sanitaire majeur dit des « Radium Girls », ouvrières gravement affectées par le radium, sensibilise le grand public aux danger de la radioactivité [voir notre article].
À partir du milieu du XXe siècle, les fabricants cherchent donc à développer des matériaux toujours plus luminescents mais moins radioactifs. Il faut attendre le début des années 1960 pour voir apparaître des normes de régulation plus strictes. Notamment aux États-Unis, on restreint l’usage de ces substances dangereuses. Un exemple emblématique est celui de la Rolex GMT-Master, lancée en 1955. Sa lunette tournante était si radioactive que les autorités américaines en ont interdit l’importation. Cette mesure a contraint Rolex à effectuer sa première campagne de rappel. Une version en aluminium inoffensive remplaça la lunette radioactive .
Tritium : la lumière éternelle des plongeurs
L’évolution technologique se poursuit dans les années 1960. Des mélanges moins dangereux remplacent le radium. Apparait ensuite le tritium vers 1963, une matière nettement moins radioactive. Ce changement se repère notamment par l’apparition de l’inscription « Swiss – T<25″au bas des cadrans, indiquant une radioactivité inférieure à 25 milli curies.
Les montres au tritium offrent une solution d’éclairage nocturne fiable et autonome, avec un risque sanitaire extrêmement faible en usage normal.
Contrairement à d’autres technologies lumineuses (comme les peintures photoluminescentes), le tritium émet une lumière visible de manière autonome et continue pendant plus de 10 ans, sans recharge lumineuse préalable.
L’arrivée du LumiNova
Dans les années 1990, une avancée majeure est franchie avec l’introduction du LumiNova, développé par une entreprise japonaise. Contrairement au radium et au tritium, le LumiNova n’est pas radioactif. Il s’agit d’un pigment photoluminescent : il absorbe la lumière ambiante (naturelle ou artificielle) et la restitue dans l’obscurité.
Cette technologie est ensuite améliorée avec le Super LumiNova, encore plus performant, largement utilisé aujourd’hui par la majorité des marques horlogères. Le LumiNova présente de nombreux avantages : en plus d’être sûr pour la santé, il offre une luminosité intense et durable.
La quête de lisibilité dans l’obscurité a accompagné toute l’histoire de l’horlogerie. De la dangerosité du radium aux innovations modernes comme le LumiNova, cette évolution reflète l’ingéniosité et l’adaptation constante des horlogers aux enjeux techniques et sanitaires de chaque époque

